À l'instar de l'hamani, qui est l'art d'admirer les cerisiers en fleurs, le hotaru-gari est un événement éphémère auquel les japonais sont très accrochés. Au mois de juin, à chaque début d'été, les lucioles sont de sortie et offrent un spectacle poétique voire féérique.
C'est durant l'ère Edo (1603-1868) que l'arrivée des lucioles au début de l'été a réellement suscité l'engouement. La tradition était de les capturer pour les enfermer dans des petites boites et pouvoir les admirer le plus longtemps possible. Pour ce faire, on utilisait notamment de grands éventails.
Initialement pratiqué dans le milieu bourgeois, la chasse aux lucioles s'est finalement démocratiser avec le temps pour devenir un réel spectacle de contemplation. Tout comme pour l'admiration des sakuras en fleurs, pouvoir assister à ce type d'événement éphémère est une chance pour chaque Japonais.
La lumière des lucioles, par bioluminescence, est souvent associée à la manifestation de l'âme des défunts, notamment celles des guerriers morts au combat. Ce phénomène ne durant que quelques semaines tout au plus, pousse d'ailleurs à la réflexion autour de la fragilité de la vie et de l'existence de chacun. Comme pour beaucoup de manifestations naturelles, les Japonais y trouvent en effet une dimension plus spirituelle, amenant à réfléchir et revoir son mode de vie.
La partie de l'archipel où le spectacle est le plus grandiose serait dans la préfecture de Nagano. Les lucioles y sont si nombreuses que c'est dans cette province que se déroule désormais chaque année un festival pour contempler le spectacle. D'autres "matsuri" (festivals) sont également proposés près de Tokyo ou dans les préfectures de Tokushima et de Hyogo.
Pendant ces événements, de nombreux photographes, amateurs ou professionnels s'empressent d'immortaliser le spectacle. Cependant, il faut faire preuve d'autant de patience que de dextérité pour pouvoir réussir à capturer la bioluminescence des insectes dans la pénombre. L'exercice est d'ailleurs plus aisé si vous vous rendez dans les villes qui procèdent à des lâchés de lucioles. Bien que le moment soit un peu moins "naturel", il offre tout de même un spectacle époustouflant.
Que ce soit en littérature, en peinture ou même dans les dessins animés, la sortie des lucioles à longuement été évoqués à travers les arts japonais.
"Le Tombeau des Lucioles" par exemple, cela vous dit quelques chose ? En effet, cet animé de Isao Takahata sortie en 1988 et faisant partie des grands classiques reprend notamment cet événement en toile de fond de son histoire. Aussi tragique soit il, le film donne aux 2 personnages principaux, la chance d'admirer les lucioles un soir d'été 1945.
On peut également retrouver plusieurs estampes illustrant hotaru-gari :
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