Quoi de plus merveilleux que le spectacle de la nature en éveil à l'arrivée du printemps ? Les Japonais, si attachés aux cerisiers (sakuras) et à leurs fleurs, en ont fait une coutume à part entière : l'hanami.
On vous emmène à travers les champs de cerisiers pour une balade autour de cette pratique aussi poétique qu'éphémère.
Pour donner une définition très simple de l'hanami, il s'agit de l'art d'admirer et d'apprécier les fleurs, et plus particulièrement celles des cerisiers. Cette coutume se déroule à l'arrivée du printemps, de la mi-mars à la fin avril généralement.
L'hanami suit un calendrier bien précis, celui du "front de floraison des cerisiers" (sakura zensen) qui décrit l'avancée de la floraison des cerisiers sur l'archipel, du sud au nord. Des années 1950 jusqu'en 2010, la très sérieuse Agence météorologique du Japon produisait même des prévisions sur ces floraisons afin d'avertir les japonais.
Le processus de floraison est très précis. On estime être au début d'une floraison quand il y a moins de 5 à 6 fleurs sur un arbre. Le pic de floraison n'est lui atteint que lorsque 80% des bourgeons sont en fleurs. C'est naturellement à ce moment-là que les habitants et badauds se pressent pour admirer le spectacle.
Il n'est donc pas rare de croiser les promeneurs le nez en l'air, d'assister à des shootings photo devant les arbres (notamment pour les jeunes mariés ou après la naissance des enfants), ainsi que de nombreux pique-niques à l'ombre des branchages. Et autant vous dire qu'il faut en profiter car cet avénement est d'une durée très limitée.
L'hanami est une tradition vraiment ancrée dans la culture japonaise car elle est perpétuée depuis plusieurs siècles. Et pour cause, il semblerait qu'elle soit née durant l'ère Nara, il y a plus de 1200 ans. À l'époque, le pays du soleil levant est très influencé par tout ce qui se passe du côté de ses voisins Chinois. C'est donc de Chine que viendrait ce goût des fleurs, et plus précisément de la dynastie Tang.
Attention, stupeur, les fleurs de sakuras n'étaient pas celles que l'on observait et idéalisait à l'époque. Si le cerisier est vraiment devenu coqueluche pendant l'ère Heian (794-1185), les japonais privilégiaient les fleurs d'abricotiers jusqu'alors. À savoir également que si le cerisier est autant présent sur l'archipel japonaise, c'est qu'il a été massivement planté durant l'ère Edo (1600-1868), notamment les cerisiers Yoshino, les plus observés.
Si le sakuras est autant chéri, c'est que sa floraison est considérée comme un des signes annonciateurs de la saison de plantation du riz. Le peuple, pensant que des Dieux vivaient à l'intérieur des arbres, avait ainsi l'habitude de déposer des offrandes à son pieds et d'y partager un verre de saké pour les honorer et se souhaiter de bonnes récoltes.
Il y a aussi une dimension très philosophique dans le fait d'admirer les fleurs de cerisiers. D'une durée de vie moyenne de 15 jours, elles sont perçues comme la personnification du temps qui passe. Éphémères et fragiles, elles invitent à penser à nos propre vie, qui ne sont pas éternelles.
De nos jours encore, les japonais et les touristes se pressent pour admirer l'évolution de ces arbres, ils existent même des cartes et des guides faisant le listing des plus beaux spots à visiter. On ne sait malheureusement pas si la dimension symbolique de ce spectacle est dans l'esprit de la plupart des visiteurs, mais une chose est certaine, ça fait un carton sur les réseaux sociaux...
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